« La Vérité est comme le soleil : une éclipse peut l'obscurcir, mais elle ne saurait l'éteindre. »

La question est : Comment peut-on qualifier précisément quelqu’un qui n’arrive pas à se décrire lui-même ? Quelqu’un qui est constamment à la recherche de sa propre identité ?




Je suis Lumière.  Astan se définit généralement par cette aura de calme qui plane autour de lui. Mais attention, calme n’est nullement synonyme de faiblesse. Il sera capable, si nécessaire, de se battre pour ce qui lui est cher. Au-delà de la violence physique, il usera de la violence verbale. Les mots sont un atout précieux ; contrairement aux coups, leur marque ne s’efface jamais. Elle reste ancrée dans un coin de votre esprit qui, malgré tout le mal que vous pouvez vous donner, ne disparait pas complétement. Cette trace, que dis-je, cette entaille, s’insinue en vous discrètement et instaure le plus cruel de tous les ressentis : Le Doute.
   Astan est parfaitement conscient de tout cela. C’est pourquoi il fait des mots ses plus grands alliés. Il ne s’improvisera pas poète, non. Il admire ceux qui chantent les mots avec tant de facilité. Il a un profond respect pour les gens cultivés, pour peu qu’ils usent de ce savoir avec sagesse et modération. La vanité ne fait pas parti de son vocabulaire ; elle ne s’accorde pas au tempo qui est le sien.
   S’il a déjà aimé ? Posez lui donc la question. Sa réponse sera : « Et vous ? Définissez moi donc ce que vous nommez : l’Amour. ». Avec un grand A. Le seul véritable Amour à ses yeux, ou du moins ce qui s’en rapproche le plus, est cette affection immense qu’il éprouve pour ses deux parents, Liberty Dance et Once Again. En dehors de cela, l’étalon n’a jamais éprouvé le besoin ou l’envie de tomber amoureux. Sa passion pour la Danse et le Dialogue suffit généralement à combler le vide qui existe en lui.
   S’il est heureux ? Le bonheur est éphémère, mais il existe. Le moment où Astan se sent le plus vivant, c’est lorsqu’il perce à jour les autres. Il observe. Analyse. Comprends. Apprends. Et enfin, il parvient à aider. A transmettre ce qu’il a vu et ce qu’il sait. Faire admettre à l’autre une idée qui lui est sienne, voilà un défi à la hauteur de ses attentes.

Je suis Ombre. Pourquoi voudriez-vous percer ses secrets ? Pourquoi souhaiteriez-vous vous immiscer dans ses souvenirs et sonder son âme jusque dans ses plus sombres recoins ? La curiosité est à la fois une qualité et un intraitable défaut… Que pourriez-vous donc trouver dans les ténèbres ? Et surtout … A quel prix ?
   Comme tout le monde, Astan a connu des jours sombres. Lorsqu’il est seul, afin d’échapper à la mélancolie qui le tenaille et à la douleur de ses souvenirs, il s’immerge dans un monde qui lui est propre. Rêveur, il redécouvre alors le monde à sa façon. Sombre ou coloré, il redéfinit ce qu’il voit, recrée les choses comme il lui convient de le faire. Mais garde ses pensées secrètes. S’il y a bien une chose qu’il déteste, encore plus que d’être brusqué, c’est d’être démasqué.


Je suis à la fois Ombre et Lumière. Son caractère évolue donc constamment, selon la personne qui lui fait face. Seule la Solitude lui permet de retrouver en parti ce qu’il est véritablement.  Mais avec elle, ce sont les souvenirs qui affluent par centaines, aussi Astan préfère-t-il fuir la compagnie de cette cruelle amie. Il se résoudra à supporter jusqu’au plus vicieux des compagnons, plutôt que de combattre ses chimères… Manque de courage ? Ou Peur incurable? Qui serait en mesure de le dire ?

Le délicieux prénom resta un instant suspendu aux lèvres de la jument avant de prendre son envol. D’abord gracieux et ondulant, brusquement plein de hargne et de vigueur, il glissa le long du corps encore humide qui gisait sur l’herbe verte d’un geste trainant. Il imprégna chaque parcelle de peau qui lui était offerte, se jouant des mouvements désordonnés de l’être frêle à qui ce doux pelage appartenait. Il prit le temps de tracer le contour de ses lèvres, de ses petits naseaux et de ses yeux sombres, avant de remonter de sa danse langoureuse jusqu’au creux de ses tympans.

Ainsi fût-il. Astan. Le prénom atterrit aussi vite qu’il s’était envolé. Il était sien désormais. L’être et lui, lui et l’être. Ils étaient liés. Ils ne formaient plus qu’un.


Mon nom est Astan. D’aussi loin que je me souvienne, ma vie ne ressemble en rien aux contes de fées dont rêvent ces jeunes pouliches ahuries. Elle n’est pas non plus un cumul d’horreurs sans nom, de cauchemars à vous retourner l’estomac, ou que sais-je. Non. Ma vie est Douceur et Chant. Mélancolie et Danse. Ardeur et Mouvement. Ma vie est Danse. Je vis par elle, pour elle, en elle. Elle me suit dans chacun de mes pas et chacune de mes envies, m’entraînant à dépasser mes propres limites d’une façon telle que je ne peux y réchapper. Et de toute manière, pourquoi le voudrais-je ?

Mon nom est Astan. J’ai été élevé dans la douceur et la sérénité. Mère, ton cocon protecteur continue de m’envelopper jour après jour, mais la sagesse de tes paroles manque à mon existence. L’aurore n’a plus les mêmes couleurs depuis que je t’ai perdue. Les souvenirs s’abandonnent au malin plaisir qu’ils trouvent à me fourvoyer. Dans ma Danse, les faux pas menacent mon équilibre fragile. Dans ma voix, ce sont les fausses notes qui éclosent.

Mon nom est Astan. Je viens d’ailleurs. Et par là-même, j’entends d’un autre monde. Ma place n’est pas ici. Je le sais, je le sens, mais je ne parviens pas à me l’expliquer. Mon père était le seul à pouvoir trouver les mots pour combler mes entailles et soigner ce cruel dilemme, qui dilatait mon âme et mutilait mon esprit encore si jeune de désagréables cicatrices. Il n’attendait alors de moi qu’un souffle d’apaisement, et non une réponse exhaustive… Qui eut-dit que seules les paroles étaient ivres de sens ? Si je ne devais retenir qu’une chose de ma courte existence, ce serait celle-ci : chaque geste, chaque effusion sont synonymes de quelque chose de fort, de concret, de suffisamment puissant pour être interprétés par quelqu’un aux sens assez aiguisés pour les saisir avant qu’ils ne disparaissent pour de bon.

Mon nom est Astan. Si vous me demandiez de me définir, j’en serai incapable. Je suis à la fois Raison et Passion, Affection et Aversion, Affliction et Jubilation. Je suis Tout et Rien, un Tout formé à partir de Rien. Les mots, au même titre que ma lubie, sont mes plus forts alliés. Venez donc ! Entrez dans mon Univers. Dansons sur ce rythme endiablé, que dis-je ! Reposons nous sur cette valse nonchalante. Armons nous de synonymes en tout genre, paradons fièrement et levons nos paroles bien assez haut, qu’elles nous servent d’étendard et définissent ainsi nos plus sombres pensées.

Mon nom est Astan. Si tu me trouves, ne tente pas de me brusquer. Ne tente pas de gagner non plus. Je poserai les questions. Je serai non pas ton maître, mais ton guide. Et, si tu acceptes de m’écouter, je te mettrai face à cette froideur dont ton âme excède, parfois de façon inconsciente. Non ! N’aies crainte. Je ne te ferai aucun mal. La Vérité s’en chargera pour moi.


Mon nom est Astan. Je suis à la fois Ombre et Lumière. Et dorénavant, je suis en route pour vos Terres.